| anièr' d'une saucliett', qu'on appelle Cigale, |
Avait durant tot le béa temps,
Chanté, baulé, tot son content.
Les gelées védirant, à l'odjut la fringale ;
O y avait plus de mouch's ni de vers, mizit,
Les boyaux li en f'siant trent' six.
A pensit tot d'un coup, qu'à côté de chez lé,
O y avait un' Froumi, qu'avait tot d'assaré.
A s'en allit la voir, la trouvit en ouvrage,
D'mandit qu'à li prêtisse un p'tit de commentage :
Ens'ment tchièqu's grains de blé, qu'à rendrait au béa temps.
La main mis' sur son cœur , dit-ell' : « Le tant pour cent
S'rat-ajouté au reste, y vous o dit tot dret ;
Mais baillez me tchièqu' chose pour viver pendant le fret »
La Froumi, qu' entendait, continuait à baloir.
Al était pouet r'connue pour d'êtr' trop agralante,
Et pour donner ses hardes, al était pouet baisante.
S'arrêtant, à dicit : « Y voudrais bé savoir
Ce que vous avez fait pendant tot tchia l'été ?
- C' qui est fait ! répounit-ell', ma pauvr femme y ai chanté.
Tchiest pouet en faisant tchié qui faisait d' mal au monde.
Y ai ji pouet égayé à deux lieues à la ronde ?
- Tchiest vous qui gueuliez d' même qu'y en étais essourdée ;
Bé dansez donc à c't' heure tchi vous chauff'ra les pieds. »
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Une espèce de sauterelle, qu'on appelle Cigale, |
Avait durant tout le beau temps,
Chanté, braillé, tout son content.
Les gelées vinrent, elle eut faim ;
Il n'y avait plus de mouches ni de vers, désormais,
Les boyaux lui en faisaient trente-six.
Elle pensa tout d'un coup, qu'à côté de chez elle,
Il y avait une Fourmi, qui avait tout en réserve.
Elle s'en alla la voir, la trouva au travail,
Demanda qu'elle lui prêtât un peu de nourriture :
Seulement quelques grains de blé, qu'elle rendrait au beau temps.
La main mise sur son cœur , dit-elle : « Un pourcentage
Sera ajouté au reste, je vous le dit tout net ;
Mais donnez-moi quelque chose pour vivre pendant le froid »
La Fourmi qui entendait, continuait à balayer.
Elle n'était pas connue pour être trop aimable,
Et pour donner ses affaires, elle n'était pas conciliante.
S'arrêtant, elle dit : « Je voudrais bien savoir
Ce que vous avez fait pendant tout cet été ?
- Ce que j'ai fait ! répondit-elle, ma pauvre femme j'ai chanté.
Ce n'est pas en faisant ça que je faisais du mal aux gens.
N'ai-je point égayé à deux lieues à la ronde ?
- C'est vous qui hurliez comme ça, que j'en étais assourdie ;
Eh bien dansez donc maintenant, cela vous réchauffera les pieds. »
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