La Quiara (chanson)

Disque 1 (1975) - Face 2 - Plage 2 - 3:33

Cette chanson a été chantée à Zidor par un certain Arsène Marquois, gagé à cette époque à Mérité, à côté de l'Orbrie de Fontenay le Comte.

Mérité

Mérité - Carte d'état-major type 1889, révisée en 1948

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Texte et traduction

Parlange Français

La Quiara

Quenaissiez poét' la Quiara ? Oh ! i vas v's la chantéï, moï, tote sa chansin : la chansin d' la Quiara.

Dans mon jeune temps, i étèïs dans mon village
In dos pus riches dos pus bès habitants
Qu' totes les feuilles veliant en mariage
Dampis Toinette jusqu'à la Janeton.
Més ma, riche, i fèsés poét cas de zelles,
M'amourachis queumme in sot fouricha,
M'épris d' la feuille à la vieille Garnelle,
Ine grousse drôlèïsse qu'on appelait Quiara.

La la la la la la la la la la la la la la la la la la

Fesis qu'nneussance ol était l' jour d' la foère,
Vindgit au bal dedans même de m'n endrét.
La fis danséï et même la menis boère.
Bouvit do vin-ye comme on bouve do p'tit lét.
Dessus l'estrade dansirins-t-ine valse,
De même oreille, bé rac a s'appeurchit,
S'en faillit d' rin-ye qu'i chésis-t-à renverse,
Ah ! qu'a m' disit : « I sés la femme que t' faudrét »

La la la la la la la la la la la la la la la la la

Alle habitait ine métairie voésine.
I andgis la voèr in dimanche au tantout,
Ah ! i étais bèï dans l' mitan d' sa tchusine
Qu'alle épiorait dos grands eils garaillous.
Son pepa m' dit : « Te m' convins-ye bé, mon drôle,
I t' baille ma feuille, en mariage te l'auras.
In p'tit goret, ine beuque et troés pistoles,
T'auras tot tchu dans l' contrat d' la Quiara ».

La la la la la la la la la la la la la la la la

V'là la jornèïe dos noces qui arrive,
I invitirins do minde, tot in pilot,
I bouvirins-ye do vin, ine hectolite,
I mangirins treize coquéïs pis neuf p'rots.
V'là pas qu'au sèr, ma femme, alle était saoule,
Pis dans la nit pas moïen d' se cotta.
A m' grafinéït, a me torsét la goule
Si bé, si bé qu'i cottis poét Quiara.

Tra la la la la la la la la la la la la la la la la

M'amourachis jusque-ye dans la cervelle,
Bounhur pareil, jamais i o-z-aras cru.
Bisis sin bras aussi nèr qu'ine pelle,
A ressembiéït à n-in viux chin-ye bourru.
A s' laissét faire sans faire de manigances :
« Ah ! bise-me dinc, bise-me dinc, man p'tit gars ».
A sentét l'ail, le bouc, la poumme, le rance,
I auras teurjous v'lu bisa la Quiara

La la la la la la la la la la la la la la la la la la
La la la la la la la la la la la la la la la la la

Clara

Vous ne connaissiez point Clara ? Oh ! je vais vous la chanter, moi, toute sa chanson : la chanson de Clara.

Dans mon jeune temps, j'étais dans mon village
Un des plus riches des plus beaux habitants
Que toutes les filles voulaient en mariage
Depuis Toinette jusqu'à Janeton.
Mais moi, riche, je ne faisais point cas d'elles,
Je m'amourachai comme un sot de chat sauvage,
Je m'épris de la fille de la vieille Garnier,
Une grosse fille qu'on appelait Clara.

La la la la la la la la la la la la la la la la la la

Je fis connaissance, c'était le jour de la foire,
Elle vint au bal dans mon village même.
Je la fis danser et même la menai boire.
Elle but du vin comme on boit du petit lait.
Sur l'estrade nous dansâmes une valse,
Joue contre joue, tout près elle s'approcha,
Il s'en fallut de rien que je tombasse à la renverse,
Ah ! me dit-elle : « Je suis la femme qu'il te faudrait »

La la la la la la la la la la la la la la la la la

Elle habitait une métairie voisine.
J'allai la voir un dimanche après-midi,
Ah ! j'étais bien dans le milieu de sa cuisine
Qu'elle écarquillait des grands yeux brillants.
Son père me dit : « Tu me conviens bien, mon garçon,
Je te donne ma fille, en mariage tu l'auras.
Un porcelet, une chèvre et trois pistoles,
Tu auras tout ça dans le contrat de Clara ».

La la la la la la la la la la la la la la la la

Voilà la journée des noces qui arrive,
Nous invitâmes des gens, tout un tas,
Nous bûmes du vin, un hectolitre,
Nous mangeâmes treize poulets et neuf dindons.
Voilà pas que le soir, ma femme, elle était saoule,
Puis dans la nuit pas moyen de faire l'amour.
Elle m'égratignait, elle me tordait la bouche
Si bien, si bien que je ne pris point Clara.

Tra la la la la la la la la la la la la la la la la

Je m'amourachai jusqu'à la cervelle,
Bonheur pareil, jamais je ne l'aurais cru possible.
J'embrassai son bras aussi noir qu'une pelle,
Elle ressemblait à un vieux chien sauvage.
Elle se laissait faire sans faire de manières :
« Ah ! embrasse-moi donc, embrasse-moi donc, mon petit gars ».
[Même si] Elle sentait l'ail, le bouc, la pomme, le rance,
J'aurais toujours voulu embrasser Clara

La la la la la la la la la la la la la la la la la la
La la la la la la la la la la la la la la la la la

Notes

Garnelle représente le féminin du patronyme Garnéï, soit Garnier en français. Les patronymes peuvent en effet prendre le féminin en patois. En voici quelques autres exemples :

Français Parlange masculin Parlange féminin
GiraudeauGiraudiaGiraudelle
ChauvetChauvétChauvette
GorichonGorichinGorichoune
AngibaudAngibaodAngibaude

A noter : dans un livre de souvenirs sur le Marais Poitevin mouillé, Alfred Martin, ancien marchand de poissons d'eau douce de Damvix, raconte que les patronymes se déclinaient aussi avec le suffixe uchét pour désigner les enfants et donne les exemples suivants :

Français Parlange masculin Parlange enfant
GuenonGueninGuenuchét
BourneauBourniaBournuchét
BarbierBarbéïBarbuchét

De même oreille signifie joue contre joue. Quand on se tient joue contre joue, les oreilles de chacun sont effectivement si proches qu'elles se confondent presque en une seule. Il est amusant de constater que le français et le bas-poitevin expriment de façons différentes une même situation.

La pistole est une ancienne monnaie française en or valant dix livres. La livre, dont la valeur a beaucoup varié au cours du temps, a fini par équivaloir au franc, qui l'a remplacée. Le franc lui-même a été détrôné par l'euro depuis 2002, chacun le sait bien.
Les paysans se sont mis à compter l'argent en francs relativement tard. L'argent était d'ailleurs très rare. On comptait alors également en écus, qui valaient trois francs, et en louis d'or, qui valaient vingt francs.

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